Chers membres du conseil des gouverneurs de l’Université Dalhousie,
En tant qu’étudiant au doctorat à Dalhousie, je me sens obligé de prendre la parole sur un enjeu qui touche directement les valeurs fondamentales de notre institution universitaire. Les investissements de l’université dans des entreprises complices de l’occupation illégale de la Palestine par Israël vont à l’encontre de ses engagements envers l’équité, la justice et la dignité humaine. Il ne s’agit pas simplement d’un enjeu financier — c’est une crise morale. En maintenant des liens financiers avec ces entreprises, Dalhousie se rend complice d’une violence continue que les Nations Unies ont clairement qualifiée d’intention génocidaire.
Le récent rapport de la Rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, présente des détails glaçants sur la destruction systématique de la vie palestinienne à Gaza. Il décrit les déplacements forcés, les massacres et le ciblage délibéré des civils comme des actes qui relèvent du génocide. Ce n’est pas une réalité lointaine : c’est une réalité dans laquelle notre université est directement impliquée à travers ses investissements dans des entreprises qui profitent des colonies illégales, de la démolition de maisons et de la violence militarisée. Ces choix financiers ont des conséquences concrètes et dévastatrices pour des millions de Palestinien·nes.
L’histoire de Dalhousie nous montre ce qui se passe lorsque les institutions privilégient le profit au détriment des personnes. Le rapport du groupe de travail sur Lord Dalhousie a mis en lumière les profondes implications de l’université dans l’esclavage, le racisme anti-Noir et l’exploitation coloniale. Même si des efforts ont été déployés pour aborder cet héritage, les investissements actuels dans des entreprises qui soutiennent la destruction de la Palestine perpétuent les mêmes logiques de violence. Ces décisions sapent les fondements mêmes de ce que Dalhousie prétend représenter.
En tant qu’étudiant, j’ai été fier de faire partie d’une communauté qui affirme valoriser l’équité et la réconciliation. Mais ces valeurs doivent se refléter dans nos actions. Au cours des trois années passées à Dalhousie, j’ai vu beaucoup de discours sur l’équité et la justice sociale, mais peu d’efforts véritables pour saper les systèmes qui perpétuent l’oppression. Soyons clairs : investir dans des entreprises complices d’un génocide est en totale contradiction avec les principes que notre communauté affirme défendre. Nous ne pouvons pas détourner le regard pendant que des vies sont détruites, que des communautés sont effacées, et qu’un peuple entier subit une oppression orchestrée par un État. La neutralité face à une telle violence équivaut à une complicité.
Mon travail de chercheur porte sur la manière dont la violence systémique fracture les communautés, les identités et les vies. Je sais à quel point ces luttes sont interconnectées. La violence colonialiste que subissent les populations palestiniennes et libanaises aujourd’hui n’est pas sans lien avec les héritages de l’antinoirceur et de la dépossession autochtone qui façonnent encore le Canada et la Nouvelle-Écosse. Ces systèmes d’oppression sont liés, et notre manière de répondre à l’un témoigne de notre engagement envers l’ensemble.
Dalhousie a la possibilité de prendre les devants — non pas par ses paroles, mais par ses actes. Le désinvestissement n’est pas une demande radicale : c’est une étape nécessaire pour aligner les pratiques financières de l’université avec ses valeurs déclarées. En désinvestissant, Dalhousie peut affirmer son engagement envers la justice et la dignité humaine, en solidarité avec celles et ceux qui résistent à la violence systémique. Ce n’est pas seulement une question de Palestine — c’est une question de responsabilité institutionnelle.
Je vous exhorte à agir maintenant. Désinvestissez sans délai de toutes les entreprises complices de l’occupation illégale d’Israël. Chaque jour qui passe est un jour où nos ressources continuent de financer la violence et la destruction. Le choix est clair : perpétuer le tort ou se tenir du côté de la justice.
C’est un moment décisif pour notre université. Que Dalhousie soit reconnue comme une institution qui a choisi la responsabilité et le courage face au génocide. Qu’elle devienne un chef de file dans la lutte pour l’équité, la dignité et les droits humains.
En solidarité,
Vincent Mousseau, M.Sc. T.S.
Doctorant
Faculté de santé, Université Dalhousie
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